Points d’attention pour accompagner des catéchumènes
venant de l’Islam

Un certain nombre de migrants venant de l’islam ou de français musulman ou marqués par la culture musulmane viennent frapper à la porte de nos paroisses pour demander à devenir chrétiens.  L’accompagnement de ces personnes devra nécessairement prendre en compte cette dimension.

Pour commencer, quelques convictions

Un catéchumène venant de l’islam est d’abord une personne avant d’être un(e) musulman(e). Il vient, comme chacun, avec son histoire, son caractère, sa culture particulière, son milieu familial, social, national. Il vient avec une expérience humaine et une expérience de Dieu dont il faut tenir compte : pour un musulman Dieu est, c’est une évidence.

Il vient de l’islam mais ce terme recouvre une polysémie de réalités, de sens, de situations, d’appartenances… L’islam est une religion, une culture, une identité. L’islam est à la fois la « religion naturelle de l’humanité qui a accepté de se soumettre à Dieu » et une religion instituée avec ses dogmes et ses rites. Il y a aussi une grande pluralité de façons d’être musulman, de se réclamer de l’islam selon la culture d’origine, la famille d’appartenance, les courants.

Quelques éléments saillants de la foi musulmane ont un écho dans la foi chrétienne, ce seront des points d’appuis lors de l’accompagnement :

– Abraham, « père des croyants », premier monothéiste Dieu
– La Loi et les pratiques
– La place centrale de la prière
– L’importance de la communauté

Des points de vigilance

Être attentifs aux motivations des migrants : certains ont le sentiment qu’ils s’intègreront plus facilement dans le pays en étant chrétiens. Cela peut être une manière d’effacer le passé. Il est donc important de s’assurer du choix éclairé, libre et volontaire de ces personnes souvent en situation de vulnérabilité à suivre le Dieu de Jésus-Christ.

Être attentifs aux ruptures que cette conversion peut entraîner par rapport au milieu d’origine. Ruptures qui, dans certains cas, peuvent être violentes, presque toujours douloureuses. Quelles conséquences ces ruptures peuvent-elles avoir pour l’avenir des personnes (précarisation, isolement … ) pour leur sécurité ? La personne est-elle bien consciente de tout cela ?

Tout catéchumène a besoin de temps pour devenir disciple du Christ en honorant petit à petit dans sa vie les différentes dimensions de la vie chrétienne. C’est particulièrement vrai pour un catéchumène venant de l’Islam. Ces accompagnements doivent être long, ils ne doivent pas être fait en quelques mois. En effet il faut laisser à la personne le temps de mesurer toutes les conséquences que sa décision va entraîner.

Le regard sur l’islam peut être douloureux : cela suppose une grande écoute, de la patience, du temps qui pourra aider à cicatriser des blessures et à vivre un chemin de réconciliation. Même s’il est trop tôt pour parler dialogue, aider à entrer peu à peu dans un regard d’estime.

Parmi toutes les personnes qui s’adressent à l’Eglise, voir même qui débute un chemin, nombreuses sont celles dont les demandes ne peuvent aboutir. En effet, après avoir rencontré un prêtre, frappé à la porte de l’Eglise, elles confient ne pouvoir donner suite à leur désir, soit pour des raisons de sécurité, soit dans le souci de préserver l’harmonie et la paix familiale. Il est essentiel de les rassurer, elles ne seront pas jugées, et elles seront toujours les bienvenues si elles reviennent. Les assurer du soutien de l’Eglise par la prière.

Du côté de l’accompagnateur 

Le choix de l’accompagnateur demande du discernement. Il faut une personne préparée et formée à ce type d’accompagnement. L’accompagnateur a besoin d’un minimum de connaissances sur l’islam ; une bonne capacité à écouter et accueillir la manière dont ils parlent de Dieu.

Il est fondamental de ne pas dénigrer la religion ou la culture d’origine. Et l’accompagnateur devra avoir en tête ce que l’Église dit du dialogue avec les autres religions, et en particulier l’islam.

Un travail en équipe est indispensable dans ces accompagnements, tout comme d’utiliser un parcours d’accompagnement prévu pour cela. Le service national de la Catéchèse et du catéchuménat en propose un.

Le service est là pour vous soutenir, vous conseiller et vous orienter le cas échéant vers des personnes spécialistes de ces accompagnements. N’hésitez pas à nous contacter.

Aller plus loin

Un témoignage

Medhi Djaadi, comédien et humoriste raconte sa conversion de l’Islam au catholicisme.